
Peindre ma vie.
Mon attirance pour la peinture date de mon enfance. Vivre dans un appartement avec des tableaux, notamment ceux de ma grand-mère, fut impactant. Extrait de Belle comme toi, roman à paraître.
« Mon cher papa, je me sens plus en lien avec toi en montagne, qu’ici devant cette tombe à la pierre poreuse. Tu es dans mon cœur. Au retour de Haute-Savoie, j’ai fait un crochet par Vevey, au musée Chaplin. Tu aurais adoré. Nous promener dans les décors des films, revoir sur grand écran les extraits qui nous faisaient rire. Leurs fins qui continuent de me bouleverser : l’étreinte de l’orphelin et du vagabond dans Le Kid ; le sourire de Charlot devant la fleuriste des Lumières de la ville.
Les seuls moments où tu riais à la maison, c’était devant les burlesques à la télévision. Mon enfance, elle a manqué de tartes à la crème. Ça m’aurait soulagé de t’écraser la tarte Tatin de maman sur la figure. Pas tous les jours. Juste le dimanche. Après, nous serions allés au Louvre, comme tu le souhaitais. Pour se cultiver. S’attarder devant chaque tableau m’aurait peut-être paru moins long.
Chagall, longtemps mon peintre préféré
Maintenant, quand je vais voir une exposition, je me faufile de salle en salle, repars à contre-courant, m’arrête devant une toile, si je le veux bien, si la touriste à côté de moi a un joli corsage, une chevelure ondoyante. Si j’en ressens l’envie. Comme devant la Forêt près de Martigues de André Derain. Ou une toile de Chagall, longtemps mon peintre préféré.
J’ai redécouvert, Ferdinand Hodler, maître suisse, au Kunstmuseum de Bâle. Le printemps II. Un jeune homme nu, beau, le regard absent perdu dans un ailleurs inatteignable. Un genou en avant dissimule son sexe, le dos de la main repliée sur son cœur. Il est en devenir. En montée de sève : la gorge, le côté gauche du visage, du haut de son corps sont empreints de teintes vert et jaune qui rappellent le parterre de fleurs où il est assis. Dans le lointain, une ligne bleue : les monts enneigés, le ciel. A côté de lui, sur sa droite, une jeune femme, aux cheveux roux, sur le point de se lever. Les yeux mi-clos, elle avance les lèvres et les mains vers lui. S’il ne s’enfuit pas, ils feront l’amour. »
Si j’avais été riche
Je me suis longtemps raconté que si j’avais été riche, j’aurais ouvert une galerie d’art. Peindre moi-même, certainement pas. J’ai le souvenir d’une professeur à l’école qui avait accolé au dessin que je lui rendais fièrement « c’est nul ». Une fois à entendre m’avait suffi.
L’envie de peindre est né il y a maintenant sept ans, lors d’une semaine de jeûne et de randonnée dans l’Aude. Thérapie pour contrer un cancer de la prostate. Au programme : marches en montagne et repos. Agnès Desnos, qui organisait cette retraite, m’a mis un après-midi entre les mains des pastels et des feuille blanches. Je me suis exécuté, ai colorié des mandalas.
A la fin de la semaine, elle m’a proposé d’emporter mes dessins. Je n’en voyais pas l’utilité. « Alors moi je les garde. Ils sont beaux ». Sa réponse m’a déconcerté. Elle voyait de la beauté, là où mon regard ne percevait qu’un exercice distrayant pour me faire passer le temps, me faire penser à autre chose que « j’ai faim. Quand est-ce qu’on mange ?! »
De retour à Paris, toujours dans l’optique de lutter contre le cancer, j’ai entamé un travail avec une énergéticienne. Lors d’une séance, elle me demanda de faire un dessin pour remercier mes « anges ». L’info se confirme, me suis-je dit. Je me suis offert une boîte de pastels pour mon anniversaire. Et je suis entré en couleurs comme d’autres dans les ordres.
Etudiant à l’ACA de Liège
Ma compagne m’a incité à m’inscrire à des cours du soir. Redevenir étudiant à 60 ans ?! J’ai appris à écouter et à suivre les conseils qui me paraissent de prime abord saugrenus. Depuis trois ans à l’ACA de Liège, je me sens soutenu encouragé par mes professeurs successifs, Sofie Vangor et Éric Deprez, entouré de collègues bienveillants.
J’ai aussi effectué une traversée d’un an avec Sachana Dolif, en art-thérapie. Une fois par mois, nous nous retrouvions pour une séance en petit groupe : douze peintures comme douze états d’âme.
Peindre fait désormais partie de mon quotidien. De mon besoin de me retrouver face à la toile et à ma palette. Le plaisir de la découverte, de me laisser surprendre par ce qui surgit de mon inconscient.
Il s’agit de vibration, de cœur et d’expression de soi.
Première exposition à venir les 19 et 20 avril 2025, dans le cadre de Parcours d’artistes à Hamoir.










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