Faire valoir ses droits

Sous la neige, la vie palpite

Est-ce que je m’accorde le droit à exprimer des doléances ?

J’ai acheté en boutique un GSM en seconde main, en décembre 2024. Cet appareil s’est rapidement révélé déficient : il buggait, notamment dans la rue, quand il faisait froid. Pas pratique, vous en conviendrez, en hiver.

J’avais une garantie d’un an. Pas de problème, m’a dit le vendeur mais il me faut une preuve avant de le renvoyer à mon fournisseur. Une preuve ?! C’est-à-dire avoir une personne à mes côtés filmant le bug au moment où il se produit. Ce qui revient à proscrire les marches en solitaire ! Finalement un nouveau bug est intervenu alors que j’étais en bonne compagnie. Bug+vidéo=preuve. La réparation sera rapide, m’a assuré le vendeur.
« Rapide » ? 48 heures ? Une semaine ? Plus ? Je n’ai pas demandé.

Et pour vous, quelle est votre notion de rapidité dans un cas similaire ?


J’ai patienté un mois avant de rappeler,
de m’entendre signifier « ils sont en train de le réparer. Je vous rappelle ». Je me considère comme patient. Sauf quand mon estomac grogne à l’heure du déjeuner.
Mon ancien GSM fonctionnait encore et même très bien depuis l’acquisition d’un nouveau chargeur. En soi, je n’étais pas pressé. Néanmoins, il m’arrivait de me réveiller la nuit avec des bouffées de colère à l’encontre du vendeur et de son manque d’empressement à me tenir informé de la situation.

Et vous, combien de temps auriez-vous attendu pour faire valoir vos droits en tant que client ?
Est-ce que c’est facile pour vous de réclamer votre dû ?

Demander, réclamer n’est pas une mince affaire, surtout quand il s’agit de choses pécuniaires.
Dans mon entourage, j’ai entendu divers échos : de « fais-toi rembourser » à « on ne peut pas tout gérer » en passant par « ce n’est pas grave ». Chacun, à travers les conseils prodigués, parle de soi. Conseille à partir de sa position/expérience/place/émotion/éducation/apprentissage à lui. Mais est-ce que cela me convient ? Est-ce que cela m’aide à résoudre ma problématique ?

Derrière mes bouffées de colère, j’ai pris conscience que se cachait un sentiment d’impuissance. La pensée qu’il n’allait jamais vouloir me rembourser. D’autant que j’avais perdu la facture, alors que je suis quelqu’un de méticuleux dans la sphère administrative.
L’impuissance, comme l’injustice, sont des sentiments exacerbés lorsqu’ils n’ont pu être exprimés dans l’enfance : période où la mainmise de l’adulte sur l’enfant est totale, où celui-ci dépend de papa/maman pour vivre (nourri, protégé).

En tant qu’adulte, peut-être vous arrive-t-il ou vous est-il arrivé de ressentir que votre sort dépend du bon vouloir de l’autre ?

Si vous vous retrouvez dans un nœud relationnel, je préconise le silence, la méditation, la marche dans la nature ; un crayon pour noter ce qui se joue en vous (physiquement, émotionnellement, mentalement) et quel profil de personne avez-vous en face de vous ? Il ne s’agit pas de la juger, mais de noter ce que vous percevez de l’autre. Dans le cas précité, dès qu’il y a eu un disfonctionnement du matériel vendu, j’ai eu le sentiment que le vendeur se retranchait dans un comportement robotique (alors que jusqu’alors je l’avais trouvé charmant) : visage fermé, inexpressif, excuses du bout des lèvres… un profil, qui pour moi, m’oblige à changer de logiciel de communication, à être terre à terre, qu’est-ce que je veux vraiment obtenir dans l’échange avec l’autre, sans le moindre trait d’esprit ou second degré, en mettant mes émotions de côté et ça me demande un vrai effort.

« Est-ce que vous avez mon téléphone, oui ou non ? »

Je m’étais donné comme date limite début mars. « Est-ce que vous avez mon téléphone, oui ou non ? » La première réaction du vendeur a été de rire, nerveusement. Ma question l’a surpris, désarçonné. En une longue réponse, sans respiration, il a enchaîné « non téléphone cassé mon fournisseur m’a remboursé je m’excuse je vais vous rembourser je n’ai pas retrouvé votre téléphone… »

Le fait qu’il parle de remboursement avant moi, a mis fin au possible conflit auquel je m’étais préparé.
Je vais vérifier mon relevé de compte, le rappellerai si nécessaire. Je ne ferai plus appel à ses services. Et je me félicite de cette résolution d’affaire, qui comme tout caillou qui se glisse dans la chaussure est une occasion d’apprendre. Sur soi et sur ce qui se joue dans le rapport à l’autre.
Bon apprentissage.

 

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