Pourquoi publier ? A quoi ça sert ? Au moment de publier mon roman Belle comme toi, me revient l’interrogation que je me pose parfois ou que l’on me pose : pourquoi publier ? Sous-entendu « écrire ne te suffit pas » ?

Idem pour mes peintures, maintenant que je peins. Une personne m’a parlé dernièrement de « séparation douloureuse ». Je n’en ressens aucune, ai-je répondu. Je suis ravi que mes toiles s’envolent pour aller orner d’autres murs que ceux de mon atelier.

Oui, écrire, peindre ne me suffisent pas.

 Quels sont les désirs qui sous-tendent l’envie de publier et d’exposer ?

 Il y a à la source un plaisir, celui de l’échange avec l’autre. Si j’écris ou je peins, c’est dans un premier temps pour créer un dialogue entre moi et moi. Un chemin souvent inconscient de compréhension de mes actes, de ma vie.

Dans un second temps, la publication ou l’exposition est une invitation à la création d’un dialogue avec l’autre, le lecteur ou le spectateur. Que ressens-tu à la lecture de mes mots ou à la vision de ma peinture ?

Tant mieux si mon travail est apprécié et il peut ne pas l’être.

Publier concours, pour ma part, à célébrer l’échange, la communion, la danse ai-je envie de dire, entre les hommes et les femmes. A nourrir ce lien qui nous unit tous de par le monde (c’est ma vision de l’humanité).

Vouloir échanger : est-ce suffisant pour publier ?

A une époque, où la sur-communication domine les échanges (je m’inclue dans le package), pourquoi je publier ?

Publier, exposer c’est « être » au monde. Naître au monde.

Et toi ? As-tu aujourd’hui le sentiment d’être né au monde ? De faire-part au monde qui t’entoure et dont tu fais partie ?

J’ai longtemps hésité à me décider à publier. Un an que je démarche des éditeurs. Un an de portes qui sont demeurées fermées. L’édition a son modèle économique, ses collections, ses impératifs, ses « cases » à remplir. A nourrir.

Comme par le passé dans le domaine musical, le monde éditorial est en mutation. Quelle est la place de l’auteur, du créateur de l’œuvre là-dedans ? Pas toujours la principale, selon les échos.

Pour ma part, qu’est-ce que j’attendais d’un éditeur : la reconnaissance de mon talent et un déjeuner au Ritz ? Un plan de communication efficace ? Une diffusion-distribution aux petits oignons ?

Sûrement les trois.

A l’heure des réseaux sociaux, c’est de plus en plus à l’auteur qu’il est demandé de s’occuper de sa propre communication. Amélie Nothomb, qui vit sans smartphone et ce qui va avec, est une exception, la dernière des Mohicans.

Alors pourquoi pas, l’autoédition !

Le déclic s’est produit quand j’ai entendu dans la bouche d’une connaissance « ranger ton texte dans un tiroir, c’est couper l’énergie de ta création ».

La question clé est la suivante : suis-je content, satisfait de mon texte ? Est-ce que je m’accorde ma propre reconnaissance ? Ai-je confiance en mon histoire, mes mots ?

Question pas simple. Reconnaissance, confiance en soi. C’est du lourd, ça va chercher au plus profond. Dans ses tripes, son cœur.

J’ai pris conscience que je m’accordais davantage de fraîcheur ou de lâcher-prise quand il s’agissait de peinture. Que je me sentais plus libre à montrer mon travail, sans peur et sans reproche.

Mon rapport à l’écriture est davantage chargé de pathos, d’histoire familiale.

A la question clé « Ai-je confiance en mon histoire, mes mots ? », je réponds Oui.

Passer par l’autoédition c’est redevenir acteur, le moteur de son texte.

Je me suis souvenu que j’ai été à la base de trois courts-métrages que j’avais écrit réalisé et produit. Que si j’avais attendu l’arrivée de la cavalerie (une maison de production), rien n’aurait été tourné. Chaque film fut source d’apprentissage, d’ouverture sur de nouvelles rencontres. Et l’argent investi (un seul des trois films a été vendu) m’est revenu en boomerang par d’autres biais.

Aujourd’hui une nouvelle aventure débute. Celle de la publication.

Une invitation à prendre soin de mon désir.

Et toi, où en es-tu dans tes désirs, dans tes réalisations personnelles ?