Retour vers le désir !

Dans une vitrine, une casquette avec indiqué Back to the Friture; le logo reprend celui du film Back to the Future

Ah bon!

Tu as un léger accent français, m’a dit avec délicatesse une de mes condisciples des Beaux-Arts de Liège. Je suis Français, ai-je confirmé.

La première fois que j’ai pris conscience que j’avais un accent aux oreilles des autres, c’était sur le marché de Delémont, dans le Jura suisse. L’accent ! Avant la Suisse, j’entendais ceux des autres comme celui du paysan bourbonnais, mon voisin dans l’Allier, mais pas le mien. Depuis que je suis en Belgique, je ne comptabilise pas le nombre de personnes qui me le répètent « tu as un accent ! ». En Wallonie, impossible de me cacher !

L’accent, comme notre corps, notre façon de nous tenir droit ou pas, nos manières, notre habillement nous caractérisent aux yeux des autres, en général sans que l’on y prête attention. Mon accent, je pourrais essayer de le camoufler et je n’en vois pas l’intérêt.
Mon habillement, j’en ai pleinement conscience puisque je le gère (avec goût, cela va sans dire !)
Ma posture corporelle, j’essaie d’y être attentif, conscient de mon bassin et de mes épaules qui glissent vers en avant. Rectifier ma posture me demande un effort ; cela passe par un changement de mes appuis au niveau des pieds. Mais dès que je ne suis plus dans le contrôle, mon corps reprend de lui-même sa position initiale, fruit de longues années de construction corporelle en protection.
Mon côté « parisien » (impatient, désireux d’attention), j’en ai conscience quand je suis au restaurant ou dans une boutique où le « service » trainouille…. Parfois je me dis que j’exagère et parfois pas : ça me fait aussi du bien d’être désagréable.

Et vous, quelles sont les différences dont vous êtes conscients ?

Et quelles sont celles qui vous échappent, sont repérées, signalées par autrui ?

Dans ma vingtaine, une copine de théâtre m’a déclaré d’une façon inattendue dans la rue « je pensais que tu étais homosexuel ». J’avais dû lui parler d’une aventure avec une autre comédienne. Non, ai-je répondu surpris. Je ne lui ai pas demandé ce qui lui faisait penser que… qu’est-ce qui dans mon attitude, comportements lui donnait à croire que… Nous sommes devenus amants, par la suite. Est-ce que sa question était déjà une demande déguisée « j’ai envie de toi » ? Peut-être. C’est ce que j’ai pensé. En tout cas, cette question nous a rapproché, nous a emmené sur le terrain de l’intime.

Cette question sur mon homosexualité présumée m’est revenue aux oreilles dernièrement, par une tierce personne… en quoi de connaître le penchant sexuel d’une personne a un intérêt ? Réponse une : avoir la réponse me permet de tenter une approche en minimisant les risques de refus. Réponse deux : certaines personnes aiment s’encombrer de données inutiles. Dans les deux cas, il s’agit de contrôle. De mental.
Si j’ai envie de quelqu’un, qu’est-ce qui m’empêche de tenter ma chance ?
La peur sans doute… la peur du ridicule, du refus, de la claque dans la figure et que sais-je encore !

Une fois, j’ai ressenti un désir physique puissant pour un homme. Il avait un corps de bucheron et dans le regard une féminité bouleversante. Je réalisais un court métrage et il en était le comédien principal. Je n’ai pas franchi le pas, répondu à son invitation implicite pour ne pas fragiliser ma position de réalisateur. Ne pas mélanger vie privée et vie professionnelle. C’est l’excuse que je me suis donné. Après le tournage, j’ai eu une liaison avec une femme de l’équipe : là, je ne me suis pas créé d’excuse. Vivre une aventure, amour qui sait, avec cet homme m’aurait emmené trop loin. Là était ma peur. A la hauteur de mon désir physique pour lui. Peur d’annoncer à ma famille, je vous présente M. X., c’est mon amant/compagnon/amoureux. Je n’ai pas pris le risque à l’époque. Mes parents l’auraient accepté, me semble-t-il. D’autres membres de la famille, moins, avais-je supposé. Et que dire du regard des autres : me promener main dans la main dans la rue avec un homme ? Inenvisageable. Peut-être dans le Marais à Paris ? On a vite fait le tour du quartier… Je me souviens d’avoir traversé le parc du Luxembourg main dans la main avec une femme noire et c’était déjà, pour moi à l’époque, exceptionnel. Une sacrée exposition aux yeux de la société. Je précise que j’ai eu des amoureuses asiatiques et maghrébines et les regards extérieurs posés sur notre couple (la possibilité d’être jugé) m’ont laissé indifférent ou au contraire je me sentais glorifié. Nous sommes le fruit de nos propres conditionnements et Noir c’est noir*…

Renoncer à ces désirs, mêmes les plus surprenants, et j’ai envie de dire surtout les plus surprenants, équivaut à se couper de son Soi.

Dans nos stages avec Dorothée Langlois, où chaque tendance sexuelle est la bienvenue, il s’agit de pacifier nos pôles masculin et féminin, de les entremêler, de les fluidifier pour mieux incarner ce magnifique être que nous sommes.
Alors Welcome to the Pleasuredome*

Deux WE en résidentiel à Chiny en Belgique :
Incarner la puissance du féminin et la douceur du masculin du 15 au 17 septembre 2023
La danse de l’adolescence dans son féminin-masculin du 6 au 8 octobre 2023

*Référence à Johnny Hallyday et à Frankie goes to Hollywood

 

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