Le froid tue les microbes!
Me voilà dans la voiture et je sens des crampes dans mes intestins. Direction le Ninglinspo pour une baignade dans l’unique torrent « homologué » de la Belgique. Quelle chance ! Je devrais être content !
Pas du tout ! J’espérais plutôt qu’il pleuvrait comme vache qui pisse pour que la balade soit annulée. Pas de chance : il y a même un rayon de soleil… En quelques phrases, je viens de vous livrer toutes mes résistances mentales à l’idée d’aller me plonger un dimanche matin dans de l’eau froide, alors que déjà aller à la piscine (couverte et chauffée) me demande un effort… Je précise que j’adore me baigner, nager… dans l’eau chaude. Mais pas trop non plus : je me souviens d’un bain à la Martinique comme de rentrer dans une marmite de soupe.
Comment combattre ses résistances mentales ?
D’abord les reconnaître. Mes peurs se nichent dans mes intestins. Peut-être que pour vous, elles sont ailleurs ? Oui, chers intestins je reconnais vos peurs et respirons avec. Ce n’est pas dramatique. Il n’y a aucune obligation à se geler, personne ne t’obligera à plonger dans le torrent…
L’étape deux est de retrouver une zone de confort. Se réconforter, se faire du bien. Se mettre en sécurité. En soi et autour de soi. Ce n’est pas mon premier bain en eau froid. A mon actif, quelques torrents, cascades en hiver et un stage Wim Hof avec le gentil animateur de la baignade du jour, Mister super cold Didier.
Est-ce que ma peur est justifiée ou pas ?
Les peurs sont des signaux d’alarme qui ont un sens et parfois s’enracinent dans les peurs des autres. Dans notre enfance, nos parents, nos éducateurs qui nous ont limité dans nos explorations de territoires nouveaux.
Depuis que je me suis déchiré les ligaments d’une cheville en montagne, mon cerveau conserve une appréhension dans les sentiers en pente. Alors je compose avec. Je lui parle, à ma cheville gauche. Dans les stages d’art martial sensoriel, on nous apprenait à chuter en arrière, afin de lâcher le mental, pour mieux se relever. On dit qu’après une chute de cheval, il est important de remonter en selle pour vaincre la peur.
Selon notre construction mentale, elle diffère selon les individus, il peut être opportun de se challenger physiquement pour dire à notre cerveau « oui, je peux le faire. Oui, j’en suis capable. »
L’étape trois est de ressentir les bienfaits de l’extra-ordinaire : me baigner dans ce torrent à dix degrés durant quelques minutes m’a revigoré. M’a mis dans une autre énergie, plus dynamique, davantage physique que mental. M’a relâché. M’a incité à être dans l’instant présent avec les personnes présentes autour de moi. A me laisser vivre, emmener dans le flot de l’ici et maintenant.
En résumé : ressentir, agir, savourer. Et progressivement s’améliorer, aller plus loin dans le champ des possibles. Avant d’atteindre l’Everest, il y a les camps de base. S’habituer à la raréfaction de l’oxygène : dealer avec votre mental, l’entrainer à penser autrement, l’ouvrir davantage à la réussite, au succès, à la satisfaction, à l’abondance, à la plénitude, à l’amour… choisissez le mot qui vous convient.
J’ai vendu une peinture à un ostéopathe alors que je le sentais rétif, en début de séance, à ce que je lui montre ce que je faisais. En fin de séance, je suis revenu à la charge. « Je vous en montre, juste une… » Il a vu dans ma peinture abstraite la colonne vertébrale, le sacrum, les os iliaques… « c’est très joli ! » Je lui ai vendu la peinture contre une séance. C’est la première vente dont je suis à l’origine. Que j’ai incité. Le plus dur, c’est la première fois. Le démarrage. Amorcer la pompe. Les prochaines étapes : vendre davantage, proposer mes œuvres à une galerie, à un agent… habituer mon cerveau à « oui, c’est possible de vendre ma production picturale ». Et même d’en vivre…
Et pour vous quels sont vos challenges ? Les domaines dans lesquels vous souhaiteriez vous dépasser ? Débrider vos nœuds mentaux ?
Passer par le corps, comme se baigner dans l’eau froide ou apprendre à chuter en arrière, sont des moyens pour secouer nos inerties mentales, contrôlantes. Les expériences corporelles sont des portes qui ouvrent sur l’inconnu. Il n’y a pas d’effort à accomplir, juste se laisser aller. Lâcher prise à nos représentations. Pas si simple, peut-être me direz-vous. Je vous répondrai : oui, vous avez raison et pourtant avec un peu d’envie, un bon accompagnement, du soutien, la voie est plus simple que croit votre mental. C’est la voie/voix du corps qui sait : elle vous invite à la suivre, à l’écouter. Votre corps ne vous emmènera jamais au-delà de ses capacités d’absorption.
Alors êtes-vous prêt à vous déposer dans les mains de votre corps ?
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