Une branche, un ange et des ados

sur un fond bleu ciel, ou bleu grec, des arabesques blanches qui ressemblent à des chiffres, de un à neuf

Plaisir de la campagne!

L’autre jour, dans le sentier que j’emprunte pour me rendre à mon bureau, je me prends une branche d’arbre sur le haut du crâne. Je peste et je poursuis ma route.

Le lendemain, rebelote : la branche me surprend à nouveau. Je peste intérieurement un peu plus fort. Le surlendemain, à nouveau cette foutue branche qui me tire de mes rêveries. Agacé, je fais quelques pas et cette fois je me retourne : je regarde la branche, lui dis quelques mots. Et je repars. Le lendemain, la branche est toujours sur mon chemin caillouteux mais comme je l’ai remarquée j’ai juste à baisser la tête pour ne pas être «décoiffé».

Est-ce que, comme moi, ça vous arrive d’être agacé par une branche ? Ou une brindille, une paille ou autre caillou dans votre chaussure ?

Quand vous êtes agacé, est-ce que vous vous arrêtez ? Est-ce que vous prenez le temps de regarder en face la source de votre agacement ?

Cette branche, j’aurais pu la casser, la coincer d’une façon ou d’une autre dans l’arbre. J’ai préféré la reconnaître, la laisser telle quelle. A sa place. Pour me souvenir, me rappeler d’être vigilant au signe impromptu de la vie.

« Vous êtes un ange », me dit Pascaline. J’aurais tendance à la croire. La petite dame tient une boutique dans son jus dans le bas du quartier de Mouffetard à Paris V. Je vais la voir à chacun de mes passages dans la capitale, pas seulement pour les excellents produits italiens cuisinés par son mari, pour le plaisir de la rencontre. De nos échanges. De l’humain. Elle vient de perdre sa belle-mère et un beau portrait de la femme trône dans la boutique. A côté des photos de Johnny Hallyday et Sylvie Vartan dans la beauté de leur jeunesse. « Prenez soin de votre mère », me dit-elle en partant. L’humain. Avant d’aller saluer Pascaline (est-ce qu’elle se souvient de moi ? Je n’en suis pas sûr et ça n’a aucune importance puisqu’à chacune de mes visites le lien de l’instant se tisse. Le présent du moment), j’étais passé dans une grand surface à Italie II… Aucun des jeunes vendeurs de camelote électronique made in China, dont on est malheureusement tributaire, ne m’a dit « vous êtes un ange ». Et si ça avait été le cas, je ne l’aurais pas cru.

En rentrant chez ma mère, je suis passé devant un lycée. A l’heure de la sortie des classes. Aucune nostalgie. J’ai ressenti au contraire de la tension : un groupe de grands qui « demandait » de l’argent à des plus jeunes ; des garçons qui font les malins avec les filles (c’est l’âge de faire le malin et il y avait une dureté que je n’ai pas perçu à l’âge où j’aurais dû faire le malin… je ne savais pas. J’ai fait le malin bien plus tard !)
A chaque passage à Paris, je perçois que les rapports humains se tendent.
Un peu plus à chaque fois. Et en même temps, je rencontre aussi des « Pascaline » sur ma route. Des personnes gentilles et attentives à l’autre. Vivre dans une ville comme Paris nécessite un travail de tri plus important que dans ma campagne belge.

Qui ai-je envie de fréquenter ?

J’ai fait la connaissance dans l’immeuble de ma mère d’une de ses voisines, jamais vue jusqu’alors. En la croisant dans l’escalier, je me suis présenté, je suis le fils de N.M., chose que je ne fais habituellement pas. Il s’en est suivi un échange, un résumé de nos vies à travers le prisme du même hôpital que nous avons fréquenté, de nos vies pro et privées… il s’en suivra peut-être une collaboration professionnelle ou le plaisir simple d’une prochaine rencontre inopinée.


Il me semble qu’il y a un besoin urgent de chérir l’inattendu dans nos vies.
Se laisser emporter ou porter par l’instant présent. On parle beaucoup de l’enfant intérieur. A chérir. Il y a aussi, en chacun d’entre nous, l’adolescent à nourrir. A travers lui, comment retrouver notre joie de vivre, le plaisir de l’instant. Et aussi tester nos limites. C’est ce que l’on vous proposera avec Dorothée Langlois, du 7 au 9 juillet 2023 à Chiny (Ardennes belges) : de danser votre féminin et votre masculin, de vous aventurer dans le monde tourbillonnant de l’adolescence. Où tout est possible. Tout est à découvrir. C’est en cherchant, en explorant que l’on apprend aussi à mettre des limites. A poser son cadre de vie. Le monde magique de l’adolescence. Avant que le poids des responsabilités nous rattrape.


Alors comment concilier nos parties adolescente et adulte ? Peut-être en fluidifiant nos masculin et féminin dans une même danse… réponse à venir.

 

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