Mon ami le mental !

Sur une palette de peintre, une toupie posée

Le plus beau pour aller danser !

Un atelier de danse libre. Des mois que je n’y étais pas retourné. J’ai hésité… avec le rhume des foins, mon corps est fatigué.

 

Je suis parti au dernier moment de chez moi, suis arrivé cinq minutes avant la fermeture des portes. Dès que la musique a résonné, j’ai senti dans mon cœur que j’étais à la bonne place. Que je n’allais pas regretter d’être venu en ville par cette forte chaleur. Peu à peu mon corps s’est ré/animé, s’est coulé dans le plaisir de bouger, d’expérimenter le mouvement, le geste qui apparaissait à l’instantané.


Et puis l’animatrice nous a fait une proposition : danser avec la première personne qui nous apparaissait à l’esprit (un.e partenaire virtuel.le).
Mon aimée est apparue spontanément. Elle était là, nichée dans mon cœur et avec la proposition elle a jailli devant moi. En sa présence, avec elle, mon corps a franchi un cap, escaladé une montagne : mon énergie a décuplé ; j’ai ressenti dans mes jambes, mon bassin un ancrage que je n’avais pas encore atteint. A la fin de la musique, cinq minutes, j’étais totalement essoufflé et heureux. Posé. Bien. J’avais atteint un sommet, il restait à redescendre. Souffler et repartir. Fin de l’atelier. Merci. Sauf que l’atelier s’est poursuivi….


Aussitôt dans ma tête « mais pourquoi faire ?
C’était très bien ! On était sur un pic, maintenant faut se détendre… d’abord je suis crevé ! » Voilà ce que me disaient ma tête et mon corps fatigué. Vous l’avez compris, ce n’était pas moi qui animais l’atelier !
J’ai pris sur moi : j’ai continué à danser, de façon moins exalté en essayant de calmer mon mental contrôlant, de lâcher le jugement « c’est mal séquencé ». Je ne suis pas parti : rester tout au long de l’atelier fait partie de l’engagement posé au début. Si je n’étais plus dans l’énergie de la danse, j’ai continué à me mouvoir dans l’espace, même à minima, percevant que de stopper tout mouvement, de m’asseoir, mettrait un terme à l’expérience : comment être dans le mouvement, l’action alors que l’envie est partie ? Comment rester au contact de son plaisir interne alors que l’environnement extérieur n’est plus porteur ?

Je confesse que ça n’a pas été facile. J’ai retrouvé d’anciens mécanismes d’isolement, certes moins puissants qu’auparavant. Comme de vieilles blessures qui pourraient se rouvrir. J’ai une pensée pour les personnes que j’ai croisé récemment dans une formation que j’animais et qui me confiaient qu’elles travaillaient dans un environnement délétère. Elles n’avaient plus de motivations, plus d’envies.


Ce qui m’a vraiment aidé dans cette situation de perte d’envie, c’est de continuer à être dans le mouvement,
de danser même sans motivation, sans réel plaisir. Ressentir mes jambes bien présentes, connectées dans le sol. Et lors de la dernière séquence, j’ai pu témoigné en face à face, à quelqu’un, lui dire tous mes ressentis, la joie, la plénitude et aussi les difficultés, l’ennui, la fatigue. Le regard de l’autre, son corps, son silence, m’ont écouté, accueilli, souri. Au final m’ont allégé de mon poids. De mon foutu mental qui pensait que, qui voulait que…

Lors de notre dernier stage « la puissance du féminin – la douceur du masculin » coanimée avec Dorothée Langlois, il y a eu un couac avec un participant qui m’a reproché une mauvaise gestion du temps. En résumé « basta ! Ton exercice c’est trop long ! » Lors de cet atelier de danse, j’ai été à mon tour victime de mon mental carcéral. Éviter les pièges qu’il nous tend est un travail de tous les instants.

Alors quelles solutions ?

L’humour : « ah ! ah ! Je me suis encore fait avoir ! ».
Prendre un temps pour soi, en reliance à son cœur, son corps qui eux conservent une spontanéité oxygénant.

Mon Ami Le Mental ! Il est à la fois plein de bonnes intentions, d’envie de me protéger, de me faire croire que c’est moi qui aie raison. Et il fait preuve de rigidité. Alors comment l’assouplir ?

Et vous, comment assouplissez-vous votre mental ?

J’ai une toupie sur mon bureau que je fais tourner en écrivant ces lignes et elle ne m’apporte aucune réponse rationnelle. Mon mental est une toupie qui tourne à condition que je lui donne une impulsion grâce à mes doigts. Cette toupie m’a été offerte il y a des années par une amie et je me suis demandé « Quelle idée ! »

Depuis elle fait partie des gris-gris sur mon bureau qui m’aident à réfléchir et parfois pas. Une toupie qui ne tourne pas n’a pas vraiment de sens et la faire tournoyer demande de l’attention, un effort sans cesse renouvelable comme la pierre de Sisyphe. Cette toupie me fait penser à une soucoupe volante. Et si je la laissais s’envoler… histoire d’aérer Mental, mon très cher ami.

 

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