Au feu les pompiers !
Ma colère monte. Et avec elle des pensées brûlantes qui nourrissent mes émotions. Tout est en place pour l’incendie.
Dernièrement, j’ai ressenti des colères comme des vagues, qui une à une venait claquer sur ma plage. Être à l’écoute de mes colères, les ressentir est un exercice salutaire pour moi qui aie longtemps appris à les éviter. Les mettre de côté ou les esquiver.
J’ai été élevé dans un contexte familial où les paroles rasaient les parquets plutôt que les cimaises.
Exprimer à l’autre mon mécontentement me demande donc premièrement de le ressentir et dans un second temps de le verbaliser. Tout un travail et tellement bénéfique. Exprimer mes émotions (peut-être que pour vous c’est la joie qui reste difficilement exprimable ?) m’ouvre un espace intérieur de soulagement. De contentement. De plaisir. Le plaisir d’avoir osé dire ce qui est.
Dans mes colères récentes, l’autre (un de mes déclencheurs de feu intérieur) n’a pas réceptionné, accueilli mon émotion. Il a disparu. S’est esquivé. Et cela m’a déstabilisé, renvoyé à mon propre subterfuge d’antan : m’enfuir au lieu d’accueillir la difficulté face à moi. Nous sommes certainement d’accord que dans certaines situations, la fuite est un excellent stratagème notamment face à un lion… à moins d’être dompteur.
Actuellement dans ma vie, je suis dans une phase de changement et j’essaie de modifier, du mieux que je peux, mes comportements, mes réactions face aux aléas de la vie. Énoncer à l’autre ma colère en fait partie.
Je suis en colère et ce n’est pas grave.
Une colère est comme un orage : il va finir par passer.
Ce sont mes projections mentales de tragédie, de « fin du monde » qui pendant longtemps m’ont interdit d’expression. Si je parle, je vais tuer l’autre… Si je tue l’autre, qu’est-ce que je deviens ? Un assassin, un fugitif ? Si je suis un fugitif, je vais vivre le reste de ma vie tout seul ? Je resterai un ermite jusqu’à la mort ? Et après la mort, l’enfer ! La spirale des pensées ! Des Et si… L’esprit comme une tornade qui détruit toute trace de civilisation sur son passage.
Face à une tension comment interagir différemment ? Et si je changeais de logiciel plutôt que de répéter, comme un disque usé, le même mouvement (de fuite, d’agressivité, d’inhibition) ?
Dans cet apprentissage, j’apprends à laisser à l’autre de l’espace pour m’exprimer sa vérité. Sa réalité. Sa vision de la scène… je me souviens d’une histoire que je racontais dans le cadre de mes formations : sur un pont un homme regarde la scène suivante : il pleut, une voiture éclabousse un piéton pour éviter d’écraser un chien errant ; le piéton maudit le conducteur de la voiture. Le piéton n’a pas vu le chien ; le conducteur n’a pas remarqué le piéton. Seul l’homme sur le pont a observé la scène dans tout son ensemble.
En ce moment, quand je suis aspergé par un « chauffard », j’apprends à lui exprimer (quand je peux, quand il n’a pas fui) mon mécontentement et je RESTE face à lui pour entendre sa vérité. Et parfois, je revisite mon jugement : ce n’est pas un chauffard ! Peut-être que oui, je ne marchais pas droit sur le trottoir (il faut que j’arrête de boire !).
Quand j’arrive à modifier mes habitudes/automatismes de vie, je m’en félicite.
C’est un Work in progress… comme disent les anglo-saxons. Si certaines personnes (peut-être vous ?) fonctionnent dans la radicalité « je fais table rase et je recommence tout », je serais plutôt de ceux qui fonctionnent par empirisme. Par étape. Pas à pas. A chacun son chemin…
Je me félicite du pas accompli et j’avance.
Les stages, comme ceux que nous proposons, sont le cadre idéal pour tester, apprendre à poser ses limites, dire non, expérimenter ses comportements avec l’autre. Travailler sur soi avec des inconnus, donc sans affect, et dans un contexte bienveillant, permet de prendre conscience de sa façon d’être. Puis de tisser des liens, des ponts avec son comportement, sa manière d’agir dans sa famille, dans son milieu professionnel.
Les outils que nous proposons sont tous en lien avec le corps : art martial sensoriel, respiration consciente, méditation active. Il s’agit de ramener sa conscience dans le corps. D’incarner sa vérité. De cette incarnation pourra jaillir une nouvelle connexion avec ses pensées. Notre corps est le réceptacle de toutes nos émotions. Une scène de théâtre disait un psychanalyste dont j’ai oublié le nom. Alors interrogeons notre corps à travers le mouvement : mettons-le en action, faisons-le respirer en conscience. Et réjouissons-nous de cette nouvelle vérité qui en résultera. Une vérité issue d’une prise de conscience corporelle n’aura rien à voir avec un raisonnement mental.
Il s’agit, à mon sens, de redéfinir les rôles en chacun d’entre nous : le corps/cœur est mon Maître ; mon esprit mon fidèle Serviteur, celui qui saura agir une fois entendu le commandement.
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