Les écueils : opportunité de dépassement de soi

Un churros trempé dans une tasse de chocolat onctueux

« Je ne peux jamais compter que sur moi-même ».

Traduction symbolique de ma légère hausse de cholestérol, m’apprend le thérapeute que je consulte pour analyser mon bilan sanguin.

Il ajoute que depuis quelques années les fourchettes de « bon cholestérol » diminuent à la suite d’un lobbying efficace des entreprises pharmaceutiques. Eh oui ! Plus votre cholestérol est hors des clous, plus de médicaments se vendent.
« Je ne peux jamais compter que sur moi-même ». Qu’est-ce que ça raconte sur moi ?
Oui, c’est une de mes croyances. Pourtant je me soigne, docteur !

Je suis parti quelques jours en Espagne depuis Paris. La nuit précédente mon départ, j’ai ressenti un stress dans mon ventre qui m’a réveillé à 4 heures du matin. La peur de l’inconnu. Rationnellement, objectivement, je partais en vacances retrouver ma compagne. J’avais mon billet d’avion, l’appartement était réservé et j’avais l’adresse, les trajets vers et de l’aéroport étaient cadrés, j’allais passer ma première soirée avec une amie espagnole qui me ferait découvrir la ville… sauf que la peur dans mon ventre parlait plus fort que ma tête : « tu voyages tout seul, tu ne connais pas Madrid, tu ne parles pas espagnol, tu n’as pas les clés de l’appartement qui se trouve dans un quartier peut-être excentré, etc. » La puissance du corps sur le mental dans toute sa splendeur.

Pour me rendre à l’aéroport d’Orly, je devais prendre un bus place Denfert-Rochereau. Prévoyant, je suis parti en avance. Ce que je n’avais pas prévu, c’était la manifestation sur la place. Donc plus de bus ! C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Sébastien qui lui se rendait à Rome. De fil en aiguille, de propos en propos, nous nous sommes dirigés vers la station de RER à côté. Solution de rechange. Le distributeur de billets en panne, nous avons hélé la guichetière (présente, ce qui est de plus en plus rare dans les stations de métro parisien !) qui nous a indiqué où retrouver notre bus… ce premier imprévu, qui aurait pu être stressant, c’est transformé en plaisir. Plaisir de la rencontre, plaisir du moment, de la surprise, de l’échange, de parler de Rome, de l’Italie, de l’enseignement (il était prof). En se quittant, on a échangé nos numéros de téléphone.

Dans l’avion, ma voisine de gauche dont la fille était étudiante à Madrid, m’a donné quelques infos pratiques. Super ! Ma voisine de droite a à peine répondu à mon « bonjour », obnubilée qu’elle était par son smartphone, à dire Adieu à son copain qui se touchait les parties sur l’écran, histoire de – je suppose – bien lui faire comprendre qu’elle allait lui manquer. J’ai mis à distance les pensées polluantes « c’est quoi ce monde de zinzins qui privilégie les contacts à distance, ne parle pas à son voisin mais regarde son primate se branler en direct !» Dans la salle d’embarquement, j’avais noté que tout le monde (petits et grands) louchait sur son mobile. Je me suis recentré sur mon roman, Philip Roth, auteur du moment (je conseille vivement J’ai épousé un communiste et Pastorale américaine) qui dresse avec intelligence, profondeur et drôlerie le portrait d’une certaine société américaine à travers les focales du judaïsme et de la sexualité masculine.

Mon séjour madrilène a été une succession de moments, de rencontres inattendues. De plaisir comme dans ce bar à cocktails, Bâton rouge (capitale de la Louisiane), où au-delà de la consommation de breuvages onctueux et alcoolisés j’ai rencontré deux Suisses en goguette qui m’ont prêté leur Natel (c’est comme ça que j’ai su qu’ils étaient suisses) pour lire le menu en anglais. Il s’en est suivi une soirée belgo-helvético-française délicieuse.

Je ne peux jamais compter que sur moi-même et parfois non.

J’ose demander. J’accepte le soutien d’autrui et dans ces moments-là, je ressens une légèreté m’envahir.
Tout vouloir maîtriser est fatigant. Durant ce voyage, j’ai travaillé mon lâcher-prise. Prendre les écueils, comme la manif à Denfert, comme une opportunité. Envisager le contretemps comme une possibilité de découverte, d’ouverture vers un ailleurs, un différent de l’habitude, du convenu.

Alors si, vous comme moi, nous nous disions à chaque nouvel accroc : n’est-ce pas magnifique de pouvoir bénéficier de cet incident pour découvrir une nouvelle voie d’apprentissage ? Se baigner en eau froide avec Didier Godard, les exercices de kundalini yoga pratiqués par Michel Riu sont des invitations à dépasser nos limites corporelles pour vaincre nos résistances mentales. Aller à chaque fois un peu plus loin au-delà du mental qui nous répètent « j’ai froid, j’ai mal ».

C’est également le sens de nos stages Féminin-Masculin avec Dorothée Langlois : dans nos séances de respiration consciente, vous expérimenterez la voie du corps pour domestiquer votre mental. L’obliger (ça demande un effort) à vous dire « oui, c’est possible ! J’y arrive. J’en suis capable. »

Nous avons tous nos limites : j’ai fait la queue au contrôle technique automobile pour m’entendre dire que mon certificat de conformité est une copie, pas valable. J’ai pesté et je devrais y retourner. Une troisième fois (la première, je ne l’avais pas retrouvé)
Le chemin de la zenitude est long, d’où l’importance de valider chacune de nos avancées. De célébrer chaque pas en avant.
Je retourne à Madrid !

 

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