En attendant, je fais quoi ? Une amie m’a laissé plusieurs messages m’informant de son retard.
Je m’affaire, vaque à mes occupations ou j’attends sur le canapé les jambes croisées ? Ma grand-mère et ma mère attendaient sans bouger de leur siège et s’inquiétaient si j’avais plus de cinq minutes de retard. Je sors de ce moule : exactitude et ponctualité.
Le verbe attendre me crispe, je le sens dans mon ventre. A force d’avoir trop attendu…
Je ressens une impatience à force d’avoir été trop patient.
J’ai beaucoup appris d’un ami dans le Bourbonnais qui m’appelait, à l’heure où il aurait déjà dû être chez moi, pour me dire « je pars dans cinq minutes » et arrivait deux heures après alors qu’on vivait à moins de 5 kms l’un de l’autre. Il avait toujours une excuse « ma femme m’a demandé d’aller couper du bois » « j’ai déposé les enfants à l’école et j’ai rencontré mon professeur de violon… ». Le tout déclamé avec un immense sourire, celui de l’enfant qui se sait coupable et cherche à se faire pardonner « papa, ne me gronde pas ! je n’ai pas pu résister au pot de confiture. » Je pestais un peu, pour la forme, ne pouvant résister à l’enfant libre qui m’attirait. Moi le petit garçon conditionné à être à l’heure. Et même en avance. Ce qui a aussi des avantages. Tout dépend de la situation, vous en conviendrez.
S’énerver face à quelqu’un élevé dans le culte de « fais ce qui est bon pour toi, à l’instant présent » ne sert pas à grand-chose. J’ai lâché mon conditionnement et suis passé à l’étape deux, celle de la prise de conscience qui mène à l’action : Frédéric, tu n’es pas obligé d’attendre sans rien faire et en bougonnant, tu peux aussi partir ou vaquer à tes occupations !
Partir sans lui était exclu : nous parcourions ensemble de longues distances en voiture et j’aurais dû conduire seul. Et une fois qu’il était arrivé, il était un compagnon agréable avec lequel je partageais de bons moments d’échanges durant le trajet.
Une unique fois, cet ami est arrivé à l’heure chez moi et c’est étonné que je ne sois pas prêt ! Et oui ! Moi aussi, je sais donner de la place à mon enfant intérieur !
A présent, même si je reste du genre ponctuel, je me presse moins et apprécie même d’arriver un peu en retard à des rendez-vous. C’est un vrai plaisir ! Et je me rends compte que personne ne m’en tient grief.
Une fois en Suisse, à la gare de Biel, je suis monté dans un train sans me presser, sans courir. Les portes se sont refermées juste derrière moi : un pied absolu ! Ressentir que j’étais dans le mouvement juste. L’espace d’un instant, j’étais devenu une montre suisse!
Au-delà de l’anecdote, de nos amis qui sont à l’heure ou pas, est-ce que je suis attentiste ou pas dans la vie ? Qu’est-ce que j’attends pour vivre ?
Êtes-vous du genre à attendre l’autre, les autres, pour agir ?
Où se situe votre moteur d’action ? En vous ou chez l’autre ?
Quelles sont vos freins, vos peurs qui vous empêchent d’agir ? D’être dans le flux, le mouvement de la vie ?
La première étape est de conscientiser vos peurs. De les énumérer, pas seulement dans votre tête. Où précisément se logent-elles dans votre corps ? Le ventre, le plexus solaire, la poitrine ?
Une peur = un immobilisme.
L’étape deux est de remettre du mouvement, retirer les pierres de votre rivière souterraine pour dégager le passage. A ce stade, il existe de multiples techniques de visualisation, relaxation, pardon, respiration, d’outils corporels et psychologiques.
Au-delà de la méthode, il y a à trouver VOTRE thérapeute, votre accompagnant, la personne qui vous correspond, qui saura vous écouter avec toute son attention. Pour ma part, j’aurais tendance à privilégier l’humain à la méthode : une technique s’apprend toujours, le rapport à l’autre plus difficilement.
Thérapeute c’est être au service de l’autre, donc aussi avoir travaillé sur soi. Avoir répondu à la question « Suis-je à mon service ? »
Le succès d’une thérapie dépend également de l’investissement du patient. Le thérapeute agit en soutien, en aiguillon et c’est à la personne d’être acteur de son développement, de son ouverture au monde.
Apprendre à se (re)connecter au flux incessant et immodéré de la Vie.
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