Eclaire ma lanterne

Ouvrir ses sens

Veux-tu bien m’éclairer ?
La lampe du plafonnier de mon bureau a rendu l’âme. Poisse ! Pour certains, c’est peanuts que de remplacer une ampoule. Pour moi, non. Bricoler même du basic me renvoie à un emmerdement.

Mon cerveau commence à m’énumérer la liste des difficultés : as-tu une ampoule de rechange ? Un escabeau solide ? Le bon tournevis ? Etc.
Un coup de pouce du hasard me fait croiser la gérante de la maison. Elle me trouve une ampoule, m’indique où je peux trouver l’escabeau et les tournevis. Je suis équipé ! Je retire le globe en verre sans aucune difficulté, sans même avoir besoin d’un tournevis. Je remets la nouvelle ampoule, nettoie le globe. Je ressens même du plaisir. L’affaire est close ! Mission accomplie.

Cette anecdote pour dire :
1. Mon cerveau a tendance à hisser des murs
2. Être dans l’action me permet de dégonfler la bulle mentale « c’est plus simple, que cela en a l’air. »
3. Dans l’apprentissage, le soutien (en l’occurrence celui de la gérante) a une place prépondérante.

Mon beau-fils a raté quatre fois son code pour le permis de conduire. Pour lui, tout travail manuel est facile : faucher la haie, fendre du bois, changer une bonbonne de gaz… les doigts dans le nez ! En revanche se plonger dans un manuel, ou dans n’importe quel livre (même une BD), non. Il (son cerveau) associe la lecture à une purge. Et pourtant s’il veut obtenir son permis de conduire, il devra s’y mettre.

Et pour vous, dans quels domaines se situent vos facilités ? Et vos difficultés ?

Dans mon enfance, mon père bricolait peu et ne m’y a jamais associé. Dans ma vie d’homme, j’ai toujours été entouré de personnes bricoleuses qui « gérait » pour moi. J’ai eu cette chance et en connais aussi le revers : je suis manchot niveau bricolage. Je plaisante : c’est mon cerveau qui m’a étiqueté ainsi. Je ne suis pas plus manchot qu’un autre. J’ai à muscler ma pratique. Cela passe par le plaisir. Le jeu. Me dire que prendre un marteau va être drôle !

Depuis que je vis à la campagne, je scie du bois. Et j’y prends du plaisir. Une activité physique qui me demande de la concentration pour éviter un accident. M’oblige à être dans l’instant présent. Commencer par le commencement : mettre une visière de protection et des gants, un casque anti-bruit, vérifier que la scie électrique est branchée, sur un terrain stable … puis débiter le bois sans penser à rien d’autre. Répéter les mêmes gestes en évitant la répétition mécanique. Je ne suis pas un robot !

J’ai la chance d’avoir une compagne bricoleuse, qui m’associe, m’invite (Je n’y réponds pas toujours) aux travaux manuels. Vertu de l’accompagnement. Du soutien. Elle me montre, par exemple, comment fendre une buche : utiliser le poids de la hache quand elle se rabaisse et accélérer le mouvement. Pour m’aider, au début, elle me donne à fendre des buches pas trop épaisses. Ne pas me mettre en difficulté d’emblée. Y aller dans la progression, telle est la vertu d’un bon apprentissage. Le plaisir venant, la réussite aidant, je pourrai affronter des blocs de bois plus consistants.

Dans notre société survoltée, en 5G, nous avons oublié la vertu de la lenteur. Prendre le temps d’apprendre, de consolider notre savoir. Mon beau-fils, roi de l’impatience, voudrait avoir son permis sans passer par la case « effort ». L’effort qui permet de devenir fort. Sans effort, se profile le découragement. « Je n’y arriverai jamais » clamé par le cerveau. Le découragement engendre la frustration puis la colère. Contre soi et les autres.

Le coaching en forêt est une invitation à revenir à la lenteur. Se poser en Soi, à l’écoute de Soi en contact avec les éléments naturels : l’air, l’eau, la terre, éventuellement le feu. Ouvrir ses sens, l’odorat, la vue, l’ouïe, le toucher, le goût, ressentir l’appel de la forêt. Puis nourrir son cerveau des fruits nouveaux recueillis.

La lenteur. Agir dans l’ordre des choses, dans la simplicité. Puis y ajouter le plaisir d’entrer dans l’action. Ce sont les ingrédients principaux de ma formule de débroussaillement mental : est-ce les vôtres ? Ou en ajoutez-vous d’autres ?

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