Détonez-moi !

Le couple au coeur du conflit

Courage, fuyons !

Est-ce que, comme moi, vous ressentez une appréhension à chaque nouveau « rendez-vous » ou situation inconnue ? Une envie d’annuler ?

Dans l’après-midi, je dois rejoindre un chaman en forêt pour une cérémonie. Je ne connais pas la personne en question, le lieu de retrouvailles est un peu flou et les questions assaillent mon mental : « je ne crois pas à ce type de rituel de célébration ou de guérison » « je vais me retrouver dans une assemblée de baba cools » « le temps est à la pluie » « l’amie que je devais retrouver là-bas ne viendra pas » (elle m’a déjà averti) etc.
Ce mécanisme de fuite, de ne pas aller voir, est un mécanisme que je connais bien. Il cache une peur de me retrouver dans une situation d’inconfort. D’insécurité.
Est-ce que ça va vraiment me plaire ? Si je n’y vais pas, je ne le saurai jamais. Qu’est-ce que je risque : perdre mon temps et aussi découvrir de belles personnes, m’ennuyer ou m’amuser, déprimer ou ressentir de l’exaltation…
Avec le temps, j’ai appris à reconnaître que les situations où je ressentais de la retenue, l’envie de ne pas y aller, étaient plutôt des séquences plaisantes de ma vie.
Les plus beaux voyages que j’ai fait à l’étranger, sont ceux où je n’étais pas l’initiateur. Les séjours dont je rêvais, ce sont révélés décevants.

Une fois reconnu en nous ce mécanisme de résistance face une situation potentiellement source d’inconfort, que pouvons-nous nous proposer ?
Il ne s’agit pas de plonger systématiquement dans le mal-être : je ne crois pas à la nécessité de se faire du mal pour atteindre le bien.
Une des voies est de puiser dans la source « confort » : qu’est-ce que ce rendez-vous va m’apporter de positif ? quel en sera la nouveauté ? Je crois au bienfait de l’inconnu, que l’inconnu, la surprise est un des moteurs de la vie.

Aimez-vous les surprises ?

J’aurais tendance à répondre Oui. L’année dernière, quand ma compagne m’en a réservé une pour mon anniversaire, j’ai senti mes résistances (mon inconfort qui revenait) : elle m’a mis un vélo entre les mains et hop on était parti pour une nuit sur une péniche, une randonnée le long de la Meuse le lendemain ! Sauf que…. Je n’avais pas de brosse à dents, de vêtements de rechange. J’ai réussi à survivre à l’aventure, à y prendre un grand plaisir une fois – seulement – après avoir lâché mes résistances. Mon cerveau qui me serinait « qu’est-ce qui est en train de se passer, c’est inhabituel ! »
J’ai une amie qui élève un cheval en Corrèze et qui me racontait qu’elle obligeait l’animal, de temps à temps, à prendre des chemins inhabituels, justement pour lui apprendre l’imprévu. Pour que l’inattendu (un coup de feu, des cyclistes, un sanglier) ne le désarçonne pas. Et elle, avec lui, si elle le monte.

Quelle est ma part d’inhabituel, dans ma vie ? Dans mon mode de vie routinier par essence ?

Peut-être que les querelles de couple apparaissent quand la routine prend trop de place dans l’emploi du temps ? C’est la pensée qui me vient… Une querelle, c’est l’occasion de signifier à l’autre « je m’ennuie ». Cette réflexion ne convient pas pour les couples dont la dispute est, au contraire, le pain quotidien. Pour ma part, qui ne vit pas avec la dispute comme métronome, le conflit me désarçonne toujours. Même si je le sens venir, je ne fais rien pour l’arrêter. Une partie de moi dit « Allons voir jusqu’au bout, où est-ce que ça nous mène ? »
Le conflit est l’occasion d’une remise à plat, de se dire des choses, des vérités non énoncées. « Voilà ce que j’ai sur le cœur. Qu’en penses-tu ? »
Un conflit est constructif si c’est l’opportunité d’entamer une dialogue. Pas pour se taper dessus !
Dans ma vie de couple, les conflits apparaissent quand je ne suis pas disponible à l’autre, que mon attention n’est pas là. Il serait préférable que j’arrive à dire « je ne suis pas à ton écoute dans l’immédiat. Quand pourrait-on en reparler ? » Une sortie de crise est de prendre de l’éloignement. Laisser du temps au temps. Aller marcher seul ou ensemble. En tous cas, sortir de la maison (si c’est le lieu d’où est parti le conflit) et ouvrir son espace.
Ouvrir son espace c’est ouvrir son cœur : s’accueillir, accueillir l’autre, les doléances et les réponses (si elles arrivent, parfois du temps est nécessaire).
Le conflit est comme de la dynamite : à s’en servir à bon escient et avec doigté pour ne pas faire écrouler la mine. Et les mineurs à l’intérieur (soi, son couple etc.)
Tout à l’heure, avec le chaman en forêt, ça sera l’occasion de déposer à dame Nature les conflits démodés et dépassés dont je me charge inutilement. Pour éventuellement laisser la place à d’autres !

Croyez-vous, comme moi, que les conflits sont constitutifs de l’être humain ?

 

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