De la finitude

Reflet dans une vitre... un fil électrique qui part d'un tas de bûches et s'étend jusque dans les arbres

Avis de tempêtes !

Depuis début septembre, après des vacances plaisantes et variées, je suis secoué par des séquences de vie, impromptues et confrontant. Entre autres exemples, le prêt de ma voiture à un copain qui était censé me la rapporter et ne l’a pas fait. D’où un déplacement de quatorze heures sur deux jours pour récupérer mon destroyer à moteur.

Un conflit familial réactivé avec avocats à la clé, et depuis peu le décès programmé d’un parent aimé. J’ajouterai un contexte international qui laisse peu de place à la paix…

Qu’est-ce que le départ d’un proche me dit, m’apprend sur moi ?
La mort s’annonce.
Au-delà de l’image de la Faucheuse qui me vient à l’esprit, qu’est-ce que je ressens ? Physiquement une contraction dans mon ventre, un sentiment de tristesse au cœur. Le besoin de lien, d’attention aux proches. Et qui prend soin de moi ? J’ai besoin de douceur et je remarque que si naturellement je vais consoler ou tout au moins appeler pour m’enquérir de l’état émotionnel des autres membres de la famille, personne ne m’a demandé « et toi, comment vas-tu ? » « Qu’est-ce que tu ressens face à la perte imminente ? »
Je sens que j’ai besoin de douceur et que je suis le mieux placé pour me l’accorder.

La finitude ! Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? Qu’est-ce qui me reste à accomplir ? La mort d’un proche me renvoie à un temps Bilan : si c’était moi qui étais en fin de vie, qu’est-ce que j’aimerais encore réaliser ? En sachant que cette notion de « fin de vie » n’est souvent en rien prévisible ! Il y a un mois, mon oncle taillait encore sa haie et aujourd’hui il git dans un lit d’hôpital, inconscient. Et ne se réveillera pas dans cette vie-ci en tout cas.

Être dans l’instant présent, à chaque instant ! Tous les thérapeutes, théoriciens du bien-être le répètent et ça ne suffit pas : ce n’est pas aisé de s’extraire de ses pensées liées au passé, de ses projections vers le futur.
Par ma fenêtre, j’aperçois deux lamas qui broutent. Et par instants, ils gambadent avant de recommencer à brouter. Je n’ai aucune idée de ce qui se trame dans l’esprit d’un lama. Je constate juste que le duo passe la majeure partie de la journée à brouter et à pisser-chier. Samedi j’ai enchaîné six épisodes d’une série distrayante mais pas exceptionnelle. C’est-à-dire six heures d’écran en deux temps, entrecoupées d’un repas. Durant le dernier épisode, vers minuit, j’ai entendu un gros boum. Un chauffard venait d’emboutir la voiture de ma voisine. Rappel à la réalité. Police et constat de délit de fuite du conducteur ont suivi.

La vertu de la perte, matérielle ou humaine, est de nous ramener, si besoin, à la réalité du moment. Du temps présent. Donc à nos émotions. A notre mission de vie. Qu’est-ce que je suis venu accomplir sur terre ? La mode des séries qui a supplanté les films nous plonge dans une fiction abyssale, un temps fictionnel qui nous éloigne de la réalité. Il ne s’agit pas de mettre au ban de nos sociétés le divertissement (la culture du), mais d’avoir conscience de ses dérives.
Mon beau-fils est intervenu pour séparer deux personnes qui allaient en venir aux mains dans un bus ; le réflexe d’autres passagers a été de filmer la scène avec leurs smartphones… et pas de venir l’aider au cas où.
Est-ce que j’implique dans la vie ou est-ce que je la filme ?
Est-ce que je m’applique à filmer le concert pour obtenir des likes sur les réseaux sociaux ou est-ce que je vis avec mes tripes, mon cœur l’événement scénique ?

RESSENTIR.


Ressentir de tout son être. Ressentir comme un engagement vis-à-vis de soi-même. S’engager à être au contact de soi, puis au contact des autres.
Alors oui le départ de ce monde d’un être aimé est un choc et aussi l’occasion de revenir dans sa propre réalité. Un réajustement si besoin de son axe de vie. Un temps pour soi qui n’est pas demandé (je ne crois pas qu’on attende la mort de quelqu’un pour s’offrir une phase de réflexion ?!), un temps impromptu, un arrêt parfois violent et il est là. Il nous invite à faire la paix, le vide en soi. C’est en tout cas, comme ça je le ressens présentement. Ne rien faire. Juste ressentir. La tristesse, peut-être la colère, aussi la joie. L’occasion de puiser en soi ses ressources avant de rebondir. De repartir nourri avec encore plus d’élan, d’allant sur son chemin de vie. En direction de sa lumière.

 

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