Comment gérez-vous votre énergie en ville ?

Se ressourcer en ville

L’energie en ville ça se maitrise !

La semaine dernière, j’étais à la Capitale. Paris. Une semaine partagée entre rendez-vous professionnels et sorties plaisirs.

Dans mon planning, j’avais placé l’expo Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort au Musée d’Orsay dans la case Plaisir. Pas pensé qu’un mardi en fin de matinée, ça serait blindé. Je suis reparti découragé par les queues entre ceux qui avaient un ticket, un ticket mais pas dans la bonne tranche horaire, pas de ticket du tout (comme moi) et les indécis, les paumés, les hésitants, le musicien de rue qui formait une queue à lui tout seul. Un spectacle déprimant et moins sûrement que la cohue à l’intérieur du musée où cinquante pékinois s’extasiaient devant le cri. Le bien nommé.

Le courage de Mona Lisa à rester souriante devant tant d’admirateurs blasés. Chapeau bas Madame !

D’un coup, mon planning s’allégeait de trois bonnes heures, de liberté dans Paris. Avant mon prochain rendez-vous. Coché dans la case Professionnel.

Liberté, disais-je ?

Il faisait beau, pas envie de reprendre les transports en commun. J’ai marché, léché des vitrines notamment devant une blouse jaune genre hindou mais à un prix bien de chez nous (10€ à Katmandou, 600€ rue de Lille). J’ai déambulé et déambulé dans ces beaux quartiers qui ressemblent à des musées à ciel ouvert peuplés de touristes et de vieux beaux, comme des posters du passé. Je me suis senti aspiré par une opulence surannée qui ne correspondait pas à mon besoin du moment. J’ai pensé rejoindre un quartier plus populaire mais mon rendez-vous d’après était dans le secteur. Je me suis laissé encrouter Rive Gauche.

La faim venant, j’ai déniché un restaurant rue du Cherche-Midi confortable, pas trop bruyant. Mais trop cher, trop gras (un dos de cabillaud à la sauce au beurre). Je suis reparti l’estomac lourd, j’ai acheté du thé, des mochis (friandises japonaises). Cherché un barbier-coiffeur sans résultat.

Mes déambulations m’ont conduit jusqu’au jardin du Luxembourg, où je me suis assis sur une chaise – gratuite. Il faisait beau, bon au soleil. Non loin de moi, des groupes d’étudiants baignaient dans le plaisir et l’insouciance de la jeunesse privilégiée. Dont j’ai fait partie. J’ai scanné autour de moi : un unique lecteur, un garçon solitaire. Quelques personnes âgées. Des joggeurs. Un type qui parlait fort à son mobile. Un quêteur. Rien d’anormal.

Sur ma chaise – gratuite, je le répète, la gratuité est une denrée rare à Paris –, pour quelqu’un comme moi qui vit désormais à la campagne, j’ai constaté ma difficulté à m’extraire du tourbillon de la ville. De cet ouragan urbain qui me happe, m’entraîne vers l’extérieur, me sort, m’isole de mes sensations. De mon être intime. A Paris, peut-être est-ce que parce que j’y ai vécu quarante ans à temps plein, je n’arrive pas à être complètement en mode touriste. Insouciant. Certes les restaurants, le shopping, les musées, à condition d’avoir un porte-monnaie rempli, sont une soupape dans l’agitation de la rue. Qui nourrissent l’épiderme mais ne descendent pas dans les profondeurs de l’âme.

Parenthèse sur la circulation : Paris est devenue une ville anarchique en ce qui consiste la gestion des trottoirs et de la voirie. Même les vélos (vu à la Concorde le lendemain) arrivent à se rentrer dedans. Comment font les aveugles pour se déplacer ? La ville leur est peut-être interdite comme aux Diesels ?

Assis sur ma chaise, au soleil, j’ai commencé à respirer dans mon ventre, à fermer les yeux et annoncer à mon mental qu’il n’y avait pas d’obligation à bouger, marcher, courir, consommer, qu’au contraire me reposer avant mon prochain rendez-vous me serait salutaire. Et je suis resté là, une heure sur ma chaise. Dans l’acceptation de ma situation, de mon immobilisme parmi l’agitation, le temps me parut court.

Finalement, j’ai vu une exposition, accessible. Sam Szafran Obsessions d’un peintre au musée de l’Orangerie. Un homme qui peignait des cages d’escalier (également son atelier, des feuillages) comme des spirales. Une impression d’ouragan contenu dans une cage d’escalier. Qui m’a fait penser à la caméra d’Hitchcock dans Vertigo quand James Stewart est pris de vertiges. Pas de vertiges chez Szafran, plutôt une déstructuration rassemblée, contenue entre les murs.

Invitations à revenir dans son centre.

Alors vous, citadins, citadines comment faites-vous pour rester au contact de votre centre dans les rues de nos villes ? Comment évitez-vous l’éparpillement ?

 

 

Prochaines journées Le corps intuitif à l’Espace de Ressourcement à Liège : les samedis 19/11, 10/12 2022.

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