Tout est question de choix !
C’est ce que je me dis après avoir passé deux heures dans un centre de santé dans le Xième arrondissement parisien.
Sur le papier, rien de fun. Check-up médical. Je m’étais préparé à attendre, à me faire piquer, à répondre à des questions administratives, à croiser des têtes mornes… Tout le contraire ! Dès mon arrivée, j’ai trouvé un personnel accueillant, souriant, attentif à chacun. En patientant dans les couloirs, j’ai conversé avec d’autres personnes. A l’étage, j’ai rassuré une infirmière qui s’inquiétait du cancer de la vessie de son père. Je lui ai donné le nom de mon urologue, lui ai laissé mes coordonnées si son père voulait m’appeler. Le monde à l’envers, ai-je pensé, et en même temps, inverser les rôles, la relation soignant-patient, quel pied ! Revenir dans une relation d’équité. Apprendre de l’autre. Que sais-tu que je ne sais pas.
La notion de choix (choisir d’être en ouverture ou en fermeture dans son lien à l’autre) m’est apparue clairement à l’étage au-dessus. Devant la machine à café, une femme qui n’arrivait pas à obtenir sa boisson chaude m’a demandé de l’aide. En général, je ne suis pas de la meilleure aide pour comprendre le monde robotique. Il y avait quatre autres personnes assises, dont une juste à côté de la machine, les yeux rivés sur son téléphone et qui à aucun moment n’a bronché. Je le dis sans jugement : il m’arrive aussi de rester impassible à l’agitation externe. Là, je sortais de la séquence avec l’infirmière, j’étais bien éveillé : j’ai essayé de comprendre le fonctionnement de la machine, puis j’ai interpellé le personnel médical ou administratif qui passait. Finalement, Eureka ! Il fallait choisir sa boisson avant d’insérer le jeton (je le dis pour ceux qui passeront par le centre de santé de la rue Amelot). En bougeant mes fesses pour cette personne, je suis sorti de l’état végétatif qui nous guette dans les hôpitaux et autres dispensaires.
Enfin je me suis fait vacciné contre le tétanos, je ne venais pas pour ça… j’étais de bonne humeur, le médecin sympa. Allez va pour une seconde piqure ! Je suis sorti du centre avec la banane. Heureux comme après un bon spectacle. Cerise sur le gâteau : je suis rentré au Clown Bar boire un café au comptoir et papoté avec la serveuse. Je vivais le meilleur moment de mon séjour parisien. Pas que les séquences des précédents jours aient été plates, mais plutôt agréablement prévisibles : la famille, des amis, un musée. Alors que durant cette matinée qui ne s’annonçait pas rigolote pour deux sous, j’avais été de surprise en surprise et ACTEUR.
Le choix d’être en lien avec soi, avec l’autre !
En arrivant à Paris, je m’étais fait allumé sur l’autoroute par l’abruti de derrière qui trouvait que je ne roulais pas assez vite alors que nous étions en plein ralentissement avec embouteillage à la clé. Un classique. Des appels de phare qui me rappellent « Attention coco ! Tu arrives à Paris. Tu n’es plus à la campagne ! » J’avais ressenti, comme souvent face aux chauffards, une colère monter en moi. L’envie de descendre de la voiture, de pointer mon .357 magnum tel Dirty Harry et de lui exploser le pare-brise et la tête avec. Si j’étais un citoyen américain, je serais contre la vente des armes à des particuliers. Pour m’éviter de me laisser tenter. Dans un jeu vidéo, le type aurait défoncé ma voiture. Et je l’aurais canardé à mort. L’absence de mots, de regard engendre la violence. Toutes ces procédures administratives que l’on peut effectuer par internet, sont sensées nous faciliter la vie et en même temps, elles nous coupent du lien à l’autre. D’avoir un visage face à soi. L’agressivité que le personnel administratif reçoit, ressent est augmentée, me semble-t-il, par cette distance induise dans notre monde dématérialisé, robotisé. Est-ce un choix de société que nous avons fait en conscience ? Il est peu probable que, face à la mort, je me souvienne de la taille de mon ordinateur, de la couleur de la machine à café, mais plutôt des personnes aimées et des paysages voyages enfouis dans mon cœur. La maison de mes grands-parents. L’Allier. Le lac de Gers.
L’amie fidèle depuis trente ans s’est s’éloignée dans son manteau vert, devant l’École militaire. Il pleuviotait. Un manteau vert sous la pluie. La dernière image si nous ne devions plus nous revoir. Que reste-t-il de nos amours ? chante Charles Trenet. Un petit village, un vieux clocher. Une relation de plus de trente ans se réduit à quelques images, guère plus.
Et vous, quelles sont vos images de bonheur ?
Quel est votre choix d’humeur en plein soleil ou sous la pluie ?
Au regard de la brièveté de la vie, je fais le choix de cheminer vers et dans la bonne humeur.
0 commentaires