Ami.e ou ennemi.e avec vos colères ?

peinture aquarelle et encre dans les teintes orangées... dans des viscères ou un coeur, une pique noire est plantée

Pouvoir exprimer ses colères, quelle chance !

Je mets de côté dans cet article, les personnes agressives (qui ont ce mécanisme de communication), qui montrent les dents par automatisme de dissuasion. Attention je mords ! Chien méchant !

J’ai été élevé dans un contexte familial qui n’incitait pas à l’expression de ses mécontentements. Chacun ressassait dans son coin. Et parfois ça explosait : je me souviens de deux colères noires de mon père, qui m’ont paru sur le moment disproportionné… évidemment à force de se contenir !

Pouvoir se mettre en colère est l’occasion d’exprimer à l’autre son mécontentement.
Se mettre en colère est, à mon sens, bénéfique tant que la colère n’est pas dirigée sur l’autre mais plutôt l’expression de son émotion. L’impression d’être dans une impasse. La colère agit alors comme une grosse vague : elle emporte, nettoie la plage, laisse place vide pour peut-être, alors voir arriver de nouvelles perspectives d’évolution, de dialogue.

Dans mon enfance, les injonctions entendues étaient « Ne te fais pas remarquer ! Pas de vague ! Trouvons un terrain d’entente ! » En résumé, pas de conflit !
Dans le cadre de mes formations sur la Gestion des conflits, je racontais souvent la métaphore de l’homme préhistorique qui, pour pouvoir allumer le feu, frottait deux cailloux. Il créait un conflit entre deux pierres pour espérer pouvoir se chauffer. S’éclairer dans sa grotte de Lascaux !

Se taire en cas de conflit ne résout rien, me semble-il.

Parfois pour exprimer ses besoins, cela passe par l’expression de la colère. C’est l’unique voie qui se présente.
Les colères sont la traduction de besoins profonds et inassouvis comme le manque de reconnaissance, d’amour, les peurs d’abus, de laissé-pour-compte.

Pourquoi se taire, si ce n’est par peur : peur de perdre le lien avec l’autre !

Exprimer sa colère c’est dire « j’ose me montrer, j’ose manifester ma présence ! »
Pour certains d’entre nous, c’est un sacré risque.

Se mettre en colère est un point.
Il y a aussi entendre, réceptionner la colère de l’autre !

Mon premier réflexe, face à une personne en colère, est de couper les ponts. « Va te faire foutre ! Je ne travaille plus avec toi » « Je te sors de ma vie ! » « Notre histoire est finie »
Un mécanisme de fuite que je connais bien, que j’ai utilisé durant de nombreuses années.
Les autres mécanismes sont l’inhibition « je baisse la tête » « je bats ma coulpe » « je suis désolé, je ne le ferai plus », l’agressivité « si tu me cherches, tu vas me trouver ! » « Mets tes gants et montons sur le ring : on verra bien qui est le plus fort !»
Et il y a l’assertivité : réceptionner la colère de l’autre, la ressentir et y répondre avec une douce fermeté ou une fermeté douce, c’est-à-dire avec l’aplomb d’une personne reliée à ses pôles terre/ciel, ses centres ventre/cœur.
Je ne dis pas que c’est facile. C’est un exercice d’apprentissage, d’évolution, d’amélioration.

Dans la mesure du possible, j’essaie maintenant quand je suis en colère ou quand je reçois la colère d’autrui, de rester en lien avec mes émotions : qu’est-ce que je ressens dans mon ventre ? Dans mon cœur ? J’essaie surtout de ne pas conserver en moi un sentiment de fermeture, du ressentiment.

C’est un travail de tous les jours d’être présent, ouvert aux multiples contrariétés quand on vit en famille, qu’on travaille au sein d’un groupe. « Ouvert » signifie ressentir et exprimer.
Souvent, je pourrais me dire « ce n’est pas grave » « ce n’est rien » « ça ira mieux demain » face à de « petites » choses qui m’interpellent. Rien n’est anodin dès que nous ressentons un pincement au cœur, une boule dans le ventre, une fermeture au niveau du sternum.

Bien sûr, si j’avais une baguette magique je m’entourerais de personnes qui pensent comme moi, qui vont automatiquement dans mon sens, qui diraient « oui » à toutes mes injonctions, ordres, commandements… et avec l’aide de la baguette, je virerais de la pièce la mouche qui m’enquiquine durant l’écriture de cet article !

Mais avec ma baguette « magique », est-ce que j’avancerai sur mon chemin de vie ?
Qu’en pensez-vous ?

La baguette de magicien, de Merlin l’enchanteur, est du domaine de l’enfance.
Une enfance régie, dans la plupart des cas, par les adultes qui nous ont laissé déployer nos colères sans y mettre de frein ou, à l’autre extrémité, les ont interdites.

Dernièrement, deux colères sont sorties (plus une troisième en rêve). Spontanément. Pas des colères anciennes, fruit de rongement souterrain. Des colères de l’instant présent. Des colères geysers qui ont giclées sans retenue et puis qui se sont taries une fois exprimées.
J’ai ressenti un mieux-être intérieur. Un apaisement.

Et vous, comment gérez-vous vos colères ? Êtes-vous en lien étroit avec celles-ci ? Amis-amies ?

 

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